Le 22 juillet

D’accord, le petit déjeuner n’était servi qu’à 8 h, mais là encore quel petit déjeuner, il avait tout d’un grand... D’abord la table, là encore hyper sophistiquée, porte couteau, verre à pied, coupelle de verre élégante, et superbe pliage de serviettes. Le Monsieur nous a installés à une table de 6 que nous avons partagée avec deux tous jeunes belges et avec deux Montréalais largement de notre âge. Quel régal pour les yeux, pour le palais (en entrée, et après un succulent jus d’orange à la canneberge,  une hyper bonne salade de fruits frais, cerises, mûres, fraises et bleuets « marinée dans une crème glacée au citron, point trop, juste ce qu’il fallait », ensuite Monsieur est parti en cuisine et nous a ramené une assiette superbement décorée de fruits frais – avec une grappe de raisin de Corinthe fraiche adorable – c’est si petit – et des œufs brouillés avec du bacon non gras SVP. Ensuite à volonté (moi j’ai arrêté là, croissants, toasts grillés, chocolatines, et un pain fait maison (j’en ai goûté une demi tranche, qu’André a terminée avec un peu de terrine de Caribou). Il y avait aussi des petits carrés de fromage mais personne n’a plus pu en prendre... Tout cela servi en bavardant et en riant beaucoup avec nos compagnons de table, et pour finir, Monsieur, à la demande de ma voisine, a bien voulu nous interpréter trois chansons en s’accompagnant de son synthétiseur... Une vraie voix d’or... et grâce à un monsieur qui mangeait à la table derrière nous, et qui a été je crois le premier producteur de disque d’Isabelle BOULAY, nous avons appris que Monsieur était connu au Québec et avait donné de nombreux concerts pour des œuvres du tiers monde... Bref encore un petit déjeuner pas ordinaire.

Le ciel est bien gris, la température à 17°. Nous prenons la route des phares (impossible de les approcher, voire de les trouver ils sont minuscules !) et puis nous nous arrêtons (sur le conseil de nos amis belges du matin) au magasin général de l’anse à Beaufils. Un vrai régal, ils vendaient de tout mais vraiment de tout... Ils font une « reconstitution » et c’est un régal : Une visite animée dans cet authentique magasin général qui a conservé son air d'antan; sa construction remonte à 1928. Présentant de superbes boiseries d'époque, en chêne, l'intérieur du magasin dévoile la vie d'autrefois à travers une multitude d'objets, outils et marchandises. Animateurs en costume d’époque y relatent avec humour les anecdotes de l'histoire des grands pionniers. Cela dure deux heures, mais on ne s’ennuie pas !

À la sortie surprise agréable, grand soleil ! Et nous traversons une ville où toutes les bornes à incendie sont peintes, et pas une seule ressemble à sa voisine !  Ensuite, nous nous dépêchons d’atteindre Percé ou battus par le vent se dresse ce curieux morceau de montagne, percé d’un trou où peuvent passer les petit bateaux à marée haute... Sur son sommet en plateau, une maigre végétation offre un repaire à divers oiseaux marins dont les fous de Bassan. L'île Bonaventure, située dans le golfe Saint-Laurent face à Percé, abrite la plus importante colonie de fous de Bassan au monde avec plus de 121 000 oiseaux. C’est fou – justement -de les voir plonger dans la mer de très haut et s’y enfoncer comme des kamikazes. Cela crée une onde de choc qui assomme alors les poissons. Le fou n'a plus qu'à les avaler, avant même de regagner la surface. Ils remontent donc toujours le bec vide, ce qui leur a valu cette appellation de "fou" par les premiers pêcheurs qui les observèrent. Ils sont beaux et leur envergure peut atteindre 1m 80...

Après ce bain d’air marin, il nous restait une quarantaine de kms pour atteindre notre nouveau logis : L’auberge de l’ancêtre à Gaspé : une maison magnifique dont l’architecture est inspirée des Cottages Regency de style anglo-normand, bâtie vers 1837 elle domine la rivière juste avant son embouchure dans l’océan, tout près du pont de Gaspé. On nous a installés dans une chambre géante (ancienne salle à manger de la demeure), et nous disposons, outre d’une vue imprenable et magnifique, de deux fauteuils roc King chair et je n’ai jamais vu de fauteuils aussi confortables,  d’un bureau et d’une tv avec des chaînes françaises... La dame est une très belle rousse et je n’ai jamais vu personne avec des yeux pareils, dorés et verts... mais c’est une maîtresse femme et il doit falloir marcher droit ! Les belges de ce matin nous ont dit que la table du petit déjeuner était si garnie que tu ne pouvais pratiquement plus y déposer ta cuillère : je vous raconterai !

Le 23 juillet  

Bonne nuit, RAS. Le petit déjeuner de l’Ancêtre ? Une jolie table, sobre par rapport à d’autres... Pas de choix ou presque. On vous annonce la couleur, d’abord un smoothy maison fait avec tous les fruits dont elle va décorer les assiettes également, battu tout frais, il est vrai, un vrai régal ! En même temps elle nous donne une jolie coupelle remplie d’une substance blanche, clairsemée de graines mais oublie de nous dire ce que c’est, je m’y lance donc prudemment : une sorte de yaourt mais très consistant, sous lequel il y des corn flakes très bons... dans les graines j’ai reconnu entre autres, de l’anis... Ensuite le choix, entre œuf brouillé au jambon et fruits, ou ses fameuses gaufres au sirop d’érable, elles sont inimitables rajoute-t-elle, donc c’est parti pour deux gaufres (voir photos). J’ai oublié de parler des brownies et du gâteau sablé, d’ailleurs tout est fait maison sauf le fromage ! Un excellent café accompagne le tout, mais moi, la Madame, elle me stresse, et mon petit déjeuner n’a du coup rien à voir avec ceux de Michel ou du chanteur ! D’ailleurs nous n’avons pas eu le temps de manger le sablé : elle a appelé Monsieur pour qu’il nous explique où aller et tout ce qu’il fallait voir...

Temps gris, brume épaisse, on ne voit pas l’autre côté du golfe, mais pas le choix : nous sommes venus visiter nous devons y aller.

On choisit donc d’explorer le Parc National de Forillon (ce parc se présente comme une étroite péninsule montagneuse qui s'avance dans le golfe Saint-Laurent constituant l'extrémité orientale de la longue chaîne des Appalaches) et plus spécialement le sentier des Graves: départ de l'Anse-aux-Amérindiens (8 km aller-retour). « Cette randonnée vous permettra peut-être d'observer des mammifères marins (phoques et baleines). Ayez l'œil ouvert » disait la pub ! DEVINEZ ? RIEN VU ni mammifères marins, ni terrestres... et pourtant j’ai raté un ours de quelques minutes... mais j’ai vu l’homme qui a vu l’ours ! Si c’est vrai ! Même que je croyais que lui sa femme et ses gosses me montaient une blague... Alors l’homme qui a LUI vu l’ours, m’a sorti son appareil photo et j’ai vu la bête sur MON sentier – apparemment pas du tout affolée des vélos et piétons qui pourtant étaient tous proches... et les gens sur la photo, ben ils étaient assis au pied du phare à l’arrivée... OUINNNN pourquoi qu’il n’est pas venu avant sur le chemin que je puisse le voir – euh faut quand même dire que les gens en fait semblaient avoir plus peur qu’autre chose... "Il est sorti du taillis à côté de mon fils qui, discutant avec son frère, n’avait rien vu venir..."  C’est un fait, cela doit surprendre ! Comme la brume sur la mer était telle qu’on ne voyait rien (comme d’hab. !), nous avons vite avalé notre sandwich au jambon acheté à la station-service et archi dégueulasse... et nous avons dévalé la pente derrière tout le monde, le DD persuadé qu’il allait bien finir par l’apercevoir, lui aussi, c’t ours... Ben rien de rien, par contre le tonnerre s’est mis à gronder, la pluie à tomber et nous ne nous sommes plus arrêtés, j’avais presque des ailes : j’ai tellement peur de l’orage... Ben les gens continuaient à arriver sur le sentier et à monter, parfois sans même la moindre protection contre la pluie... J’ai même vu des dames se poser sur un banc pour reprendre leur souffle ! Étonnant non ? D’autant qu’arrivés à la voiture, c’était le déluge à nouveau...

On a repris la route à l’abri de notre 4*4 de ville, et nous avons tout fait comme le Monsieur l’avait dit... Le tour complet du parc, l’arrêt au parking du castor vers 15 h où soit disant un orignal passe tous les jours : sauf aujourd’hui bien sûr, il a eu peur que la pluie le décoiffe ! On a même été voir le phare le plus haut du Québec au cap des rosiers : on l’a vu quand on était à 5 m pas avant à cause des tornades d’eau, on n’est pas descendu ! Même chose à l’anse aux griffons... On était mouillés, soulés par tant d’eau, de brouillard, déçus de ne rien voir... Alors comme les canadiens, on est allé dans un café qui exposait de fort belles aquarelles de  Claude Côté (allez visiter le site de ce café, ça vaut le coup : (http://www.lanseaugriffon.ca/ccg/fr/cafe.html) et à 5 h de l’AM on a mangé des crevettes et des spaghettis bolognaises avec un diet coca.... v’là qu’on se met à bouffer comme les vieux, mieux, car il n’était même pas six heures ! Puis on est vite rentrés toujours sous la pluie chez l’ancêtre, ou Madame nous attendait ! Vite, vite au chaud dans notre chambre…Dure journée, et pourtant le coin, quand la brume daigne se lever, c’est si beau ! À chaque virage, c’est un nouveau paysage, montagne ou douce colline forêt ou plage...